Mes Hercule Poirot favoris

Il est selon ses propres mots le « plus grand détective du monde » et dévoile les combines les plus complexes à l’aide de ses petites cellules grises : on ne présente plus Hercule Poirot. La série a bercé mon enfance, les romans ont égayé mon adolescence. Je n’ai pas lu les 33 enquêtes du détective belge créé par Agatha Christie, mais voici les cinq qui m’ont le plus marquée jusqu’à présent.

Le Meurtre de Roger Ackroyd, 1926

Alors qu’Hercule Poirot vient de s’installer à la campagne pour prendre sa retraite, le village est secoué par le meurtre de Roger Ackroyd. Le détective mène l’enquête avec son voisin, le docteur Sheppard, qui se trouve être également le narrateur de ce roman au twist incroyablement bien ficelé. Agatha Christie manipule le lecteur avec brio, l’entraîne aux mauvais endroits et le pousse à forger de mauvaises hypothèses. « Comprenez ceci : j’ai l’intention de découvrir la vérité. Car si la vérité peut être hideuse en elle-même, elle sera toujours belle et fascinante aux yeux de celui qui la cherche. » Les moyens utilisés dans la narration ont peut-être vieilli, mais l’histoire reste incroyablement efficace. Meurtre, suicide, maître chanteur… Les ingrédients sont là pour une pause frissons efficace !

Le Crime de l’Orient-Express, 1934

C’est encore par hasard qu’Hercule Poirot se retrouve en plein milieu d’une scène de crime… Dans un train ! À bord du célèbre et chic Orient-Express pour rentrer chez lui après avoir résolu une affaire, il doit trouver l’assassin de M. Ratchett, riche Américain tué de plusieurs coups de couteau. Douze passagers sont dans le wagon, chacun avec un mobile, mais un alibi : l’enquête s’annonce corsée ! Le Crime de l’Orient-Express est sans doute l’enquête d’Hercule Poirot la plus connue, ce qui m’a fait hésiter à la placer dans ce classement, mais ce serait mentir : je l’adore ! Étant complètement amnésique de la fin des histoires, j’ai de surcroît pu la lire plusieurs fois en étant toujours autant surprise (maintenant, c’est râpé, je m’en souviens définitivement). Le crime parfait sera résolu avec brio par un Poirot en pleine forme : page-turner incroyable !

A.B.C. contre Poirot, 1936

Des victimes sans aucun lien apparent, si ce n’est leur nom qui suit l’alphabet et ces lettres laissées par l’assassin pour Hercule Poirot : l’enquête s’annonce excitante ! Et quel bonheur que ce duo Poirot/Hastings ! A.B.C. contre Poirot se démarque des autres romans d’Agatha Christie : les victimes n’ayant pas de lien connu, Hercule Poirot ne peut procéder à son habituelle chasse au coupable en interrogeant les proches de la victime… Loin du huis-clos du Crime de l’Orient-Express, c’est ici une course contre la montre qui se joue. Afin d’attraper le coupable, Hercule Poirot se glisse dans sa tête, profiler avant l’heure. Le lecteur se fiche complètement de l’improbabilité de l’affaire (comme souvent) : il est tellement mené en bateau par Agatha Christie qu’il n’attend qu’une chose : connaître le fin mot de l’histoire.

Mort sur le Nil, 1937

Encore une enquête bien célèbre dans ce classement ! Mort sur le Nil met en scène le meurtre de Linnet Ridgeway, riche demoiselle ayant volé le fiancé de sa meilleure amie… Ladite amie est ainsi la suspecte numéro un : durant tout le voyage de noces des amoureux, elle n’a cessé de les suivre pour se venger. Mais la jeune femme a un alibi… Heureusement, Hercule Poirot est encore au mauvais endroit au mauvais moment : alors qu’il se prélasse en croisière, il se retrouve à devoir résoudre une énième affaire. Si le lecteur peut, avec une bonne gymnastique et une habitude à lire des polars, trouver le meurtrier, la mécanique reste d’une subtilité à toute épreuve. Agatha Christie imbrique les pièces du puzzle au compte-gouttes, pour un dernier chapitre haletant. « Je ne suis pas un « petit bourgeois moyen » comme vous dites bizarrement. Je suis un être supérieur, déclara Poirot avec un rien d’arrogance. »    

Hercule Poirot quitte la scène, 1975

Attention, polar triste ! Hercule Poirot quitte la scène est le dernier opus d’Agatha Christie dans lequel apparaît ce détective arrogant qu’on aura adoré détester. L’autrice le fait revenir sur les lieux de sa première enquête (la très bonne Mystérieuse Affaire de Styles, 1920). Hercule Poirot est physiquement diminué mais se décide à partir une dernière fois à la chasse au meurtrier : un assassin qui n’a jamais été attrapé malgré les nombreuses affaires où il a été mêlé de près ou de loin… Comment mettre derrière les barreaux un assassin qui ne fait « que » pousser ses victimes au suicide ? Hercule Poirot quitte la scène permet à Agatha Christie de se séparer du détective qu’elle peinait à apprécier. On y retrouve avec nostalgie un Poirot et un Hastings que la vie n’a pas épargnés. Dur retour à la réalité et final aussi triste qu’inattendu, le roman est d’une grande beauté. Agatha se débarrasse du personnage qui l’a rendue célèbre, non sans amour, avant de s’éteindre elle-même un an après, laissant derrière elle des romans policiers qui ont façonné le polar d’aujourd’hui.

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